Groupe:

Xtreme Fest - Jour 1

Date:

28 Juillet 2023

Lieu:

Cap Découverte (Carmaux)

Chroniqueur:

ced12

La saison des festivals bat son plein, la météo est royale avec un beau soleil, les planètes sont alignées pour que l'XTreme Fest fête dans l'allégresse sa première décennie d'existence. Le XTreme Fest se déroule sur le site de Cap Découverte, lieu historique et central dans la vie locale, ancien bassin minier rendu célèbre par Jean Jaurès, personnage historique incontournable de la région. Le natif de Castres devenu journaliste à la Dépêche à Toulouse s'était pris de passion pour les problématiques des mineurs avant de devenir député de la circonscription d'Albi - Carmaux. Nous sommes donc au cœur de la problématique de reconversion de cet ancien bassin avec la grande difficulté pour redynamiser un espace économique de fait sinistré par l'arrêt de sa principale activité. Sa consœur Decazeville dans l'Aveyron plus haut a les mêmes soucis mais le site de Carmaux (situé sur la commune "limitrophe" de Le Garric) a bénéficié d'un programme de relance avec mise en place d'une base nautique (avec les problèmes que peuvent engendrer l'existence d'un lac sur un site par essence parsemée de galeries souterraines) Chaque festivalier s'offrira le plaisir de descendre via le télésiège jusqu'au lac (500m de ligne, 125m de dénivelé négatif pour une spectaculaire descente) qui chaque année reçoit son lot de tatoués en tout genre et ainsi profiter des plaisirs aquatiques. Le site est vraiment sympa, une première zone gratuite dite off avec des food-trucks au nombre de quatre, un bar, une scène extérieure offrant une contre-offre artistique bienvenue, une rampe pour skaters qui ne désemplit pas, quelques commerces pour achats pour au final un lieu de vie bien agréable et très bien pensé. 

L'accès à la zone payante nécessite un passage de sécurité bien gérée et on arrive sur le site principal avec une grande scène située sous une grande halle (offrant ainsi une ombre salutaire (la région d'Albi l'été ça peut être très dur niveau chaleur) et beaucoup de place permettant de bien profiter, un spot de skateboard transformé en zone où les gens se posent pour boire un verre et la fameuse X-Cage, scène emblématique du XTreme Fest où les groupes jouent enfermés dans une cage pour un rendu visuel absolument génial. Système de cashless maîtrisé, bars bien paramétrés, bénévoles éminemment sympathiques où le tutoiement est de rigueur, sanitaires propres, le Xtreme Fest est désormais très mature en termes de gestion / organisation, on frise le sans faute. Respect aux organisateurs avec ce festival haut de gamme dans son offre musicale et conservant un visage humain en adéquation avec les thématiques mises en avant par le festival. 

Bien sûr, nous sommes ici sur une proposition musicale plutôt orientée punk hardcore et si on va trouver une réelle assise Metal, le public est aussi constitué de fans de punk et on y trouve l'univers des quelques crêtes caractéristique jusqu'à nos amis les chiens de compagnie ce qui pour ma part était une première (oui des chiens dans une fosse pendant un concert de hardcore fut une découverte mais ces derniers se montrant très discrets, aucun souci à signaler ! On les plaindrait même un peu ces pauvres bêtes). Pour son anniversaire, le Xtreme Fest s'est fait plaisir avec une affiche royale au bar et en plus a bien construit son programme avec une première journée plutôt hardcore et deux autres plus orientées punk. Aimant moins le second, et étant pris le week-end pour cause d'anniversaire surprise d'une amie, le timing s'est révélé parfait pour moi. Côté affiche du jour, je laisse mon estimé lecteur lire la suite mais spoiler alert, il y a du très lourd.

Ten56.

Lorsque je rentre sur le site, les coreux de M.O.S.H. (acronyme malin de Method Of Southern Hardcore) sont déjà en action et ont, suite à un petit retard d'ouverture au public, commencé devant un parterre clairsemé ce qui se règlera vite. Les deux hurleurs délaissent vite la cage pour venir chercher le public. Energiques ce qu'il faut, les toulousains lancent bien les hostilités. Le premier groupe à investir la family Stage (scène principale) est Ten56., groupe franco-anglais à la très forte dynamique construit autour du chanteur Aaron Matts et Luka Garotin même si leurs comparses ne doivent pas être oubliés. Avec ce son de guitare délirant et post-apocalyptique, Ten56. a incontestablement un son bien à lui, une patte. Bien tenu par un frontman très présent à l'attitude très positive entre sobriété et ultra efficacité. D'emblée, le public est à bloc, tout le monde est encore en pleine forme et l'alcool n'a pas encore commencé à faire trop d'effets sur les corps des festivaliers. 

Décidément, Ten56. propose quelque chose de très moderne, le son incroyable je l'ai déjà dit mais aussi une scène bien tenue par des musiciens expérimentés. Jeune groupe encore car constitué récemment, Ten56. semble déjà comme un poisson dans l'eau sur les scènes des fest, assure le job comme il faut et délivre un premier show impeccable, puissant à souhait. Le pit est déjà chaud et ça ne va pas se calmer ...

Booze Brothers

Me promenant sur le site, je file manger un morceau sur le festival Off et incroyable surprise avec le groupe Booze Brothers dont le rock irish folk me capte instantanément. Archétype du groupe de fêtes de sud-ouest avec une musique festive, entrainante et fédératrice avec l'accent qui va bien, le show des toulousains me ravit et l'ambiance devant la scène est excellente avec beaucoup de sourires sur les visages. Ça danse, ça chante, ça s'amuse, les Booze Brothers régalent devant un parterre qui apparemment les connaissait bien ce qui n'était pas mon cas (le groupe avait déjà œuvré sur l'Xtreme Fest par le passé). On comprend que les organisateurs aient refait appel à eux. Les Booze offrent une parenthèse magnifique dans une soirée où les décibels vont pleuvoir, l'agressivité et l'énergie ne jamais redescendre et ça fait du bien. 

Car alors que ce show se termine, un géant du hardcore s'apprête à investir la Family Stage.

Terror

En chemin, j'entends le dernier titre des rennais de Hard Mind, un deathcore bien vénère avec un break stratosphérique qui a semble-t-il bien plu vu la masse de gens présents. C'est la règle en festival, on ne peut pas être partout mais là, cela avait beau être deux salles deux ambiances entre irish rock folk et hardcore/deathcore, c'était le choix du Roi.

Terror, qui avait au passage assuré une signing session auparavant, arrive sur une petite intro très western spaghetti avant de nous administrer une bonne raclée des familles, comme le groupe sait faire. Scott Vogel est en excellente forme, continue d'arpenter la scène de long en large, hurle, fait hurler, vocifère, rappelle les fondements du hardcore ("c'est vous que vous devez applaudir, pas nous", "attitude positive les gars", etc.) bref en un mot régale. Il pestera plusieurs fois contre ses barrières (oui scène surélevée donc pas de montée sur scène autorisée ce qui vu la hauteur semble une saine idée) tout en rappelant que si les gars de la sécurité sont nos potes, il est nécessaire de les occuper. Et ils vont l'être avec une fosse remuante, énergique. Les hymnes font toujours mouche, de l'excellente Always The Hard Way à la toujours géniale Keepers Of The Faith, hymne à la rythmique infernale et jouissive qui fait toujours un carton en live. Grosse baffe, rituelle avec eux. Et cet éternel sentiment de bien être à leur concert dans une musique expiatoire. Dévastateur.

Point Mort

Découvert et mis en lumière par l'excellent Jean-Mich'Hell, Point Mort faisait partie de mes curiosités du jour. Evoluant dans cette fameuse cage, le post hardcore du groupe bénéficie de très bonnes conditions avec de très belles lumières bien valorisantes désormais que la nuit est tombée sur Cap Découverte. Et ce sont là de bonnes conditions pour profiter d'un post-hardcore assez sombre, très varié au gré des vocaux d'une chanteuse / hurleuse bluffante de versatilité comme l'est la musique de Point Mort. Exemple frappant d'entrée avec un démarrage en douceur (bien que très dark) avant que le groupe n'embraie avec des hurlements bien puissants. Ce que ce petit bout de femme envoie laisse pantois. Belle énergie générale avec un groupe concentré, hyper en place et intéressant de bout en bout. En plus, entre des shows plus in your face, Point Mort trouve une place intéressante et permet une variété dans les types de groupes proposés. Cette première journée est un bijou de programmation. Une belle surprise et un groupe bien mis en valeur par l'environnement du concert et qu'on espère revoir car il se passe indéniablement quelque chose.

Landmvrks

Certes moins mon truc, Landmvrks mérite tout de même quelques remarques. Déjà par sa scénographie avec un joli V éclairé derrière la scène, la qualité générale d'une prestation maîtrisée, un frontman énergique et ma foi sympathique avec un hardcore moderne à l'influence hip hop indéniable et truffé d'éléments et de sonorités plus actuelles, preuve s'il en est que la scène hardcore est bien vivante. Landmvrks est un bon pendant à Ten56. qui avait ouvert le bal et récolte un bien beau succès avec là encore un pit déchaîné et parfaitement cornaqué par ce très bon frontman à la présence impeccable.

Décidément, Landmvrks est un groupe avec lequel il faut compter et qui semble compter à l'international ce qui est cool pour eux, outre faire la fierté d'une scène hardcore française ma foi bien dynamique.

Pogo Car Crash Control

Comment reconnaître qu'il se passe quelque chose avec un groupe ? Un public qui se masse bien devant la XCage bien avant que le show ne débute ce qui dans un contexte festival est la marque des groupes attendus. J'ai déjà chroniqué quelques shows des franciliens alors je vais faire plus rapide mais tout de même noter quelques points. 

Déjà la concentration des musiciens lors de la mise en place a montré que ce show a de l'importance pour les Pogo. C'est heureux quelque part car le groupe bénéficie sans doute du meilleur créneau du Fest (1er soir, 23h30, public en forme même si on voit de plus en plus de festivaliers éméchés titubant). Olivier aura dire avec humour qu'ils étaient dans le coin en vacances et ayant demandé d'être programmé histoire de jouer gratos, on sent que la date a de la valeur pour nos amis. Autre point, Simon qui intervient un peu plus chant me semble-t-il. Histoire de soulager un Olivier qui avait fini cramé vocalement sur la tournée Warm-Up Hellfest ? Reste que ça le fait bien et que l'hallucinante fluidité des shows des Pogo n'en souffre aucunement. 

Pour le reste, que dire si ce n'est toujours cette folle énergie, cette dynamique impériale. Le show passe à une vitesse folle et la musique des franciliens fait merveille dans ce contexte. De plus, j'ai trouvé que cette cage donnait encore plus de relief à leur prestation. On sentait les musiciens comme des lions en cage, eux qui aiment tant aller vers le public. Côté auditoire, c'est un grand délire, avec circle-pits autour de la cage, pogos à tout va, un Simon de nouveau sur son surf sur le public pour un passage toujours spectaculaire, une Lola toujours cabotine entre ce sourire toujours juvénile suivi de regards bien vénères et un Olivier à la communication toujours aussi plaisante de douce maladresse maîtrisée. Une mention spéciale au gars de la sécurité qui a passé une demi heure à faire le ménage devant la cage avant d'être relayé par un collègue à lui. Le gars s'est démené, a compensé de tous les côtés et ce avec un flegme remarquable car côté public, c'était la folie furieuse. 

Bénéficiant d'un cadre juste génial (cette cage de nuit, c'est fantastique en termes de rendu visuel et d'ambiance au sein du "pit"), les Pogo ont montré qu'ils avaient une cote d'enfer. Ajoutons à cela que les musiciens sont longuement restés pour échanger avec des fans pour photos et moments de partage et on aura la confirmation de la grande qualité de ce groupe, assez incomparable naviguant toujours entre metal, punk, grunge et rock français avec un vrai feeling 90's. Un show incroyable !

Madball

On pourrait croire tout ce petit monde éreinté mais non, il reste un groupe et pas des moindres. Madball et son hardcore made in New York. Premier constat, le groupe n'a pas assuré la signing session prévue à 22h et on comprend qu'il a dû y avoir un souci car on ne retrouve pas sur scène le charismatique bassiste Jorge « Hoya Roc » Guerra. Freddy Cricien mentionnera des conditions compliquées pour rallier le site et même que certains n'ont pas réussi. Bon, on fait avec et en quarante minutes, Madball rappelle qu'il est malgré ces événements contraires une pointure du genre. 

Je les avais vus à Angoulême avec l'ami Jean-Mich'Hell et nous en étions ressorties bluffés (et aussi positivement surpris par Hazen Street délire improbable des musiciens de Madball œuvrant là dans un registre bien plus léger en première partie d'eux mêmes !). Même sentiment ce soir avec ce Freddy qui ne tient pas en place, arpente la scène dans les grandes largeurs et tient un pit qui donne tout malgré une soirée déjà bien énergique. En quarante minutes, un peu courtes de fait, Madball achève une assistance heureuse, essorée, rincée par une soirée fantastique. Colossal !

Malgré les deux journées à venir qu'on pressent déjà top (malgré la défection malheureuse de The Descendents pour raisons médicales), le Xtreme Fest est déjà plié pour moi. Soirée démente avec une affiche XXL, enthousiasmante, des mastodontes du Hardcore toujours aussi performantes (Terror, Madball), des jeunes pousses qui poussent (Ten56.), des Pogo aussi à l'aise et vénérés dans la XCage qu'un Thibaut Pinot dans ses cols des Vosges entouré de son peuple). Un Festival remarquable qui a incontestablement une belle âme.

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